Avant de s’appeler Xi’an (西安, paix de l’Ouest), la ville portait un autre nom : Chang’an (长安), littéralement « la paix éternelle ». Ce nom résonne encore aujourd’hui comme celui de l’une des quatre plus grandes capitales de l’histoire chinoise.
Située dans la province du Shaanxi, dans le Nord-Ouest de la Chine, Xi’an fut le berceau de 13 dynasties mythiques, dont les Qin, Han, Sui et Tang, qui y établirent leur capitale.
C’est de cette ville que partirent les routes commerciales qui allaient relier la Chine à l’Asie centrale, au Moyen-Orient, puis à l’Europe : la fameuse Route de la Soie (丝绸之路 sī chóu zhī lù).

De Chang’an à Xi’an : un nom, deux époques
Le nom 长安 Chang’an, qui se traduit par « Paix éternelle », fut porté par la ville pendant plus d’un millénaire.
Mais après les guerres et les bouleversements qui marquèrent la fin des Tang, la cité perdit peu à peu son statut de capitale.
Sous la dynastie Ming (1368-1644), l’empereur Hongwu décida de rebaptiser la ville en 西安 Xi’an, signifiant « Paix de l’Ouest » — en opposition à Dong’an (Paix de l’Est), située à l’autre extrémité du pays.
Ce nouveau nom reflétait à la fois une volonté de stabilité après des siècles de divisions, et la position géographique de la ville à l’ouest du cœur impérial, désormais centré sur Beijing (北京 capitale du Nord).
Ainsi, le changement de nom ne fut pas une rupture, mais une transition symbolique : Chang’an représentait la gloire de la Chine impériale ancienne, tandis que Xi’an devint la gardienne de cette mémoire dans une Chine renaissante et unifiée.

Le point de départ de la Route de la Soie
Sous la dynastie des Han (206 av. J.-C. – 220 apr. J.-C.), 长安 Chang’an devint le centre du monde asiatique.
Les caravanes chargées de soie, de jade, d’épices ou de porcelaines partaient d’ici vers Samarcande, Bagdad et Rome.
Ce réseau d’échanges ne transportait pas seulement des marchandises, mais aussi des idées, des religions et des savoirs : le bouddhisme, venu d’Inde, pénétra en Chine par cette voie, laissant une empreinte durable sur la culture chinoise.
Le rayonnement culturel de la dynastie Tang
C’est sous la dynastie Tang (618–907) que 长安 Chang’an atteignit son apogée.
Avec près de un million d’habitants, la ville était alors l’une des plus grandes et des plus cosmopolites du monde.
Des marchands persans, des moines bouddhistes indiens, des ambassadeurs coréens et des artistes japonais parcouraient ses rues animées.
Les poètes Li Bai (李白) et Du Fu (杜甫) y composaient leurs chefs-d’œuvre, tandis que les musiciens et danseurs d’Asie centrale animaient les banquets impériaux.
C’est également sous cette dynastie que vit l’ascension de Wu Zetian 武则天, qui fut la seule impératrice régnante de toute l’histoire de Chine.
长安 Chang’an symbolisait alors l’ouverture et la grandeur de la civilisation chinoise.

Yang Guifei, la beauté qui fit faner les fleurs
Parmi les figures les plus célèbres de cette époque brille Yang Guifei (杨贵妃), concubine légendaire de l’empereur Xuanzong (玄宗).
Sa beauté et son raffinement ont marqué les esprits au point d’en faire l’une des “Quatre Beautés de la Chine ancienne” (中国古代四大美女).
On disait qu’en sa présence, les fleurs perdaient leur éclat — d’où son surnom poétique : “la beauté qui fit faner les fleurs” (羞花).
Leur histoire d’amour, passionnée mais tragique, se déroula dans les splendides jardins et pavillons de Chang’an, au cœur de la dynastie Tang.
Lorsque la rébellion d’An Lushan (安史之乱) éclata, Yang Guifei fut accusée d’avoir causé la chute de l’empire par son influence sur l’empereur et connut une fin tragique.
Aujourd’hui encore, son souvenir hante les collines proches de Huaqinggong (华清宫), la résidence thermale impériale près de Xi’an, où les visiteurs peuvent admirer les bassins et pavillons qui évoquent sa légende.
Un spectacle nocturne de sons et lumières, représentant une fresque géante, retracent magnifiquement leurs 11 ans d’histoire d’amour.


Les symboles de Xi’an aujourd’hui
Xi’an moderne conserve les traces éclatantes de son passé glorieux.
Les voyageurs peuvent encore admirer :
- Les imposantes murailles de la ville, parfaitement restaurées, qui datent de la dynastie Ming.
- La Grande pagode de l’Oie sauvage (大雁塔), construite au VIIᵉ siècle pour abriter les textes bouddhiques rapportés d’Inde par le moine Xuanzang (玄奘), dont le voyage inspira Le Pèlerinage vers l’Ouest (西游记 xī yóu jì) avec le légendaire Roi-Singe, Sun Wukong 孙悟空,
- Le célèbre armée de terre cuite (兵马俑 bīng mǎ yǒng), découverte en 1974, vestige monumental du mausolée de l’empereur Qin Shi Huang (秦始皇), le premier Empereur qui unifia la Chine.
C’est à Xi’an, plus précisément dans la banlieue de Lintong (临潼), que cet ensemble fut découvert, car c’est là que se trouve le gigantesque tombeau de l’empereur Qin, qui fit de cette région la capitale de son empire.
Convaincu que son pouvoir devait se prolonger dans l’au-delà, l’empereur fit construire une armée entière de soldats et de chevaux en terre cuite pour le protéger après sa mort.
Ainsi, la présence des guerriers à Xi’an n’est pas le fruit du hasard : elle témoigne du rôle fondateur de cette ville dans la naissance de la Chine impériale.
Xi’an, une cité entre tradition et modernité
Aujourd’hui, Xi’an compte près de 10 millions d’habitants et s’impose comme un pôle technologique et universitaire majeur de la Chine de l’Ouest.
Tout en étant ultra futuriste avec ses gratte-ciel et son métro moderne, la ville reste fidèle à son héritage : les ruelles de son quartier musulman (回民街 Huí mín jiē), les tours de la Cloche et du Tambour illuminées, les remparts bien entretenus, les fameuses nouilles épaisses 𰻞𰻞面 biang biang mian et les festivals culturels rappellent que Xi’an est toujours un pont dynamique entre les civilisations, comme au temps de la Route de la Soie.
Et si vous avez la chance de visiter cette ville fin octobre, (bien après la semaine dorée), vous pourrez avoir le bonheur de faire des photos sur les lieux historiques en étant quasi-seuls… et si en plus, vous pouvez dire quelques phrases / mots en chinois, vous serez alors accueillis comme un hôte privilégié par les locaux qui sont d’une extrême gentillesse !
Alors, ne tardez pas à vous mettre au chinois, Beijing Cursus est là pour vous aider à découvrir cette langue et culture tellement riches en histoire 😉



Crédit photos : Photos personnelles de Beijing Cursus prises à Xi’an entre le 27 et 31 octobre 2025